Cette petite île a tout du paradis polynésien, et c'est avec gourmandise que je m'apprête à en savourer les délices… Seul sur le lagon avec mon kayak, je mets le cap sur le grand motu ouest où j'ai deux bons kilomètres de plage pour moi tout seul, de quoi se sentir une petite vocation de Robinson Crusoë.

Je me jette à l'eau pour une plongée dans les eaux troubles qui jouxtent la passe, et je ne vois pas le fond alors qu'il n'y a qu'une douzaine de mètres de profondeur. Etrange sensation de descendre à l'aveugle dans ces eaux vertes, avec la corde d'amarre de la bouée de signalisation comme seul repère… Enfin, le fond, étrangement désertique et sans couleurs; je m'enfonce un peu plus loin et la visibilité ne dépasse pas 5m lorsque soudain, surgies de nulle part apparaissent deux raies manta. Je me pose au fond pour mieux les admirer, elles planent majestueusement au dessus  des fonds coralliens dans un ballet somptueux qui me fait oublier le temps. La petite visibilité donne à leurs apparitions un côté fantomatique qui sied à la superbe de ces géantes graciles. Curieuses, elles s'amusent parfois à me survoler et le spectacle est ahurissant…  Voilà encore un de ces moments qui comptent dans une vie… (pas de photos, vidéo à venir)

Cette petite île est considérée comme la mère de la culture polynésienne: en effet tous les rois sont venus des quatre coins du Pacifique pour s'y faire couronner. Il n'y a pas mois de 120 marae (lieux sacrés) sur l'île! En attestent ces pétroglyphes découverts dans les recoins d'une forêt de manguiers...

Mon séjour à Maupiti touche à sa fin et je décide de grimper à l'assaut du grand rocher (le plus grand des deux jumeaux de la mythologie locale) dominant l'île. Après deux heures d'une ascension escarpée, me voilà devant un des plus beaux paysages qu'il m'ait été donné de voir: la forêt vient se jeter dans le lagon et c'est une explosion de couleurs, un bonheur pastel que vient parfaire le parfum des mangues sauvages qui poussent là haut...

Il est encore tôt lorsque le bateau met le cap su Maupiti et après 2h de mer Bora Bora n'est plus qu'un point à l'horizon. Les vagues bleues s'abattent avec furie sur le récif, et le Maupiti express négocie avec adresse son entrée dans ce lagon magnifique. Cette toute petite île, d'un diamètre de 1,5km est cernée de petits îlots appelés motus qui suivent le tracé de la barrière de corail et donnent une impression d'atoll à l'ensemble...

J'arrive à Bora Bora dans l'après midi, et je n'aurai pas vraiment le temps de la découvrir comme il se doit: je repars demain matin avec le seul bateau pour Maupiti... Le mythe est un peu écorché, l'île est urbanisée et un peu sale, des chiens errants divaguent un peu partout; le lagon quant à lui est probablement le plus beau du monde, et il semble bien que la plus belle partie de Bora est de l'autre côté, celui que je n'ai pas vu... La nuit, le petit port fourmille d'activité: le gamins pêchent, les plus grands discutent et tout le monde attend le retour des lycéens qui doivent se rendre sur l'île de Raiatea en internat pour suivre leur cursus, et qui sont rapatriés chaque vendredi par bateau.

Les Îles Sous le Vent m'attendent, et c'est en cargo que je m'y rends. A bord de L'Hawaiki Nui, le voyage prend une saveur particulière: ce caboteur rouillé et chargé à ras la gueule ravitaille cet archipel chaque semaine et prend à son bord une dizaine de passagers à un tarif dérisoire, mais pour un confort sommaire: à même le sol sur le pont. Le soleil se couche lorsque nous appareillons, et nous doublons Moorea dans toute sa splendeur. Les lumières de Tahiti disparaissent doucement, et je rêve déjà aux saveurs des îles bercé par la houle du Pacifique et le gros diesel qui ronronne en dessous...

A Tahiti, les jours se suivent et se ressemblent un peu plus qu'ailleurs… Ils s'écoulent au gré des bateaux vont et viennent, au fil des rencontres et à présent au son de mon ukulele fabriqué par A-I, luthier haut en couleurs!